« Il n’est pas inconcevable que les actions plongent de 50% par rapport aux records avant que l’on puisse dire que la chute est finie », selon Bank of America Securities
A en croire des analystes de la banque d’investissement, le rebond de la Bourse depuis deux mois ne serait qu’une phase de répit dans un marché inscrit dans une tendance baissière à plus long terme. La capitulation aura lieu quand les investisseurs arrêteront d’être dans le « déni » et quand ils réaliseront qu’un monde sans ‘Fed put’, sans le soutien des banques centrales, est « plus douloureux. » A cause de l’inflation, voilà les marchés d’actions privés d’un « soutien monumental ». Le responsable de l’équipe de recherche spécialisée dans les produits de couverture n’y va pas de main morte.
Les règles du jeu ont changé. L’inflation à deux chiffres, cette année, a tout chamboulé. A cause de la guerre en Ukraine, de la trop grande dépendance de l’Europe au pétrole et au gaz russes, à cause aussi des interminables restrictions en Chine où le Covid, faute de vaccins efficaces, continue d’étrangler l’économie et les chaînes d’approvisionnement mondiales, la Bourse d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle, martingale, que les investisseurs connaissaient depuis la grande crise financière quand, du fait de l’argent gratuit et des liquidités déversées abondamment par les banques centrales dans le système financier pour soutenir le crédit, « le seul vrai risque [était] que la Bourse monte encore plus haut », assène-t-on chez Bank of America Securities. Le motto « buy the dip » était alors une stratégie en soi. « L’achat des creux [était] une source fiable d’alpha. »
Maintenant que les taux d’intérêt plus élevés sont là, les modèles sont complètement à revoir, fait valoir l’équipe de recherche en dérivés de la banque d’investissement dirigée par Benjamin Bowler. La fin du « policy put », l’assurance contre une baisse en place, en réalité, depuis 1987, semble « inévitable ». Sauf qu’après « des décennies de conditionnement », la Bourse ne veut pas voir qu’elle va devoir tirer un trait sur un « soutien monumental ».
« L’analogie de la bulle amènerait le S&P à 2.400 en 2024 »
Au cours d’une présentation des perspectives 2023, vues sous l’angle de la volatilité, Benjamin Bowler a déclaré aux clients de la banque que : « L’inflation limite le policy put pour la première fois depuis qu’Alan Greenspan l’a inventé il y a 35 ans [on a parlé de « Greenspan put », après le krach 87, quand le patron de la Fed a abaissé les taux pour soutenir la Bourse]. Mais les marchés sont dans le déni, en particulier les actions. Avec une inflation de plus de 8% qui ne se dissipe jamais en moins de trois ans (et qui prend normalement dix ans), la dure leçon à retenir est qu’un ‘pivot’ n’est pas un ‘put’ et qu’un monde sans soutien des banques centrales est tout simplement plus douloureux. »